Nous avions précédent parlé dans une brochure de ce que nous pensions de la végéphobie :
On parle souvent de végéphobie parce que la grande majorité des réactions face à ce mode de vie sont l’hostilité, la moquerie, la stupidité, voire la violence (des paroles ou des actes). Mais pour nous il est évident que la végéphobie n’existe pas.
Alors oui le coup du cri de la carotte, les blagues sur les carences et autres c’est chiant et difficile à supporter, que ce soit avec ses amies, avec sa famille ou au travail. Mais aux vues de la propagande carniste qui existe dans notre société, ce n’est pas chose étonnante.
Mais la végéphobie, ce serait considérer qu’il existe une oppression spécifique, structurelle et institutionnelle contre les végé/veganEs du fait de leur choix de vie, tout comme peuvent l’être les travailleurEs, les pédés, les biEs, les gouines, les trans, les personnes de couleurs, les putes etc … Mais être veganEs n’est pas un état de fait ou une catégorie sociale, mais un choix de vie qui refuse de dominer les animaux. C’est une théorie politique mise en acte tout comme peut l’être l’anarchie. Lorsque l’on parle d’anarchie, on rencontre très souvent des idées stéréotypées, révélatrices d’une réelle méconnaissance et d’un rejet constant de ce système politique. Parle t-on pour autant d’anarchaphobie ? Non, car les réelles oppressions sont celle des dominéEs, animaux humainEs et non-humainEs, trans, meufs, gouines etc …
Parler de « végéphobie» n’a donc qu’un seul effet : déplacer le débat de la souffrance animale vers la souffrance des humainEs. Or, refuser d’être un dominantE signifie refuser de se mettre en avant, de parler de soi au lieu de l’exploitation des autres. Comme si un homme antisexiste parlait plus de sa souffrance en tant qu’homme déconstruit que l’oppression causée par l’hétéropatriarcat.
Il est alors beaucoup plus intéressant, plutôt que de parler de phobie pour le cas du véganisme, comme pour l’anarchisme, de repolitiser le débat et comprendre les mécanismes oppressifs qui composent les dominations de notre société pour mieux les combattre. Soyons fierEs de refuser l’hétéronormativité, de jouir librement, sans cadavre dans la bouche.
De la même manière, les réactions a propos du refus de consommer de la viande sont aussi des stéréotypes répondants au carcan du genre.
Une fille végée/véganE, ca sera toujours mieux vu qu’un garçon. Parce que pour une fille, c’est moins grave, c’est considéré comme un régime alimentaire pour ne pas prendre de poids et manger plus de légumes. Pour un garçon, refuser de manger de la viande, c’est vu comme presque incompréhensible, parce que la viande fait la force et qu’un homme doit être virile. Il suffit alors que le garçon végan soit un peu efféminé pour que le fait de se nourrir de tofu soit une affirmation de son homosexualité. D’ailleurs les délires de certains idéologues religieux, autour du fait que la consommation de soja causée par le véganisme « féminise » les garçons.
Cette analyse reste toujours d’actualité et l’est d’autant plus que le terme végéphobie qui restait une théorisation fumeuse de quelques néo-hippy en mal de néologisme maladroit est en train de devenir une expression qui se popularise. Elle est selon nous, une bonne blague, celle de voir des petits bourgeois hurler à l’oppression lorsqu’illes sont confrontéEs à une opposition politique.
Nous ne sommes pas ici dans un débat sur une hiérarchie des luttes ou une négation d’une discrimination, puisque la végéphobie n’est pas une oppression et est même un danger pour notre lutte antispéciste.
Il est actuellement à la mode d’utiliser le « terme » phobie à toutes les sauces pour discréditer les oppressions. Les homophobes sont donc prompt à développer des néologismes comme « familiophobie » ou « hétérophobie ». Quel est le but derrière ce déplacement de l’oppressé vers l’oppresseur ? Le but est de conserver son pouvoir et de minimiser les luttes légitimes des dominéEs.
Nous savons que le racisme anti-blanc est une rhétorique fasciste, que la « cathophobie » est le fer de lance des catholiques pétainistes. Ce sont de pures délires qui ne sont en rien applicables au contexte européen où la domination est blanche, catholique et hétérosexuelle.
Les fascistes et leurs alliés antiféministes sont donc de fervent défenseurs de ces retournements, pensons encore à l’exemple du masculinisme, qui vise à détourner des questions féministes vers une misandrie fantoche.
Mais alors pourquoi parler de végéphobie ?
Cette mode des néologismes basés sur la phobie est devenue grotesque et en ce sens certainEs végétarienNEs ont trouvé judicieux de venir dans une course au ridicule prendre la part du gateau des fausses oppressions.
Comme nous l’avons vu, toute fausse oppression vise à détourner d’autres oppressions, comme le disait notre brochure la végéphobie détourne du spécisme et du sexisme ainsi que l’homophobie.
Donnons un exemple pour le prouver : un site répertoriant les cas de végéphobie déclare que le « coming out végétarien est plus difficile que le coming out gay ». Comme par hasard, aucune mention des animaux, juste une volonté de minimiser l’homophobie.
Supposons que les défenseurs de la Véggie Pride qui veulent lutter contre la végéphobie ne soit que de personnes naïves et non mal intentionnées, il en reste que ce néologisme participe à la dissolution de réel discrimination : transphobie, lesbophobie, homophobie, islamophobie dans un fourre tout proche de l’extrême droite : Racisme anti-blanc, masculinisme, familiophobie, christianophobie, hétérophobie …
Notre lutte est contre le spécisme, une oppression extrêmement ancrée dans nos sociétés et qui justifient le massacre des milliers d’animaux. Nous ne luttons pas contre la végéphobie.
De toute façon nous sommes fièrement végéphobe et
soutenons l’anti-spécisme !
Face à diverses réactions suite à cet article, nous rajoutons ce passage, issu d’une réponse à l’unE de nos lecteurEs :
Nous ne souhaitons minimiser en rien les expériences de chacunEs, principalement pour les familles dont les enfants subissent des kidnappings par l’Etat.
Toute fois nous ne nommons pas ça végéphobie, nous faisons le choix de nommer cela répression. Lorsqu’une personne anarchiste est condamnée parce qu’elle a brisée une vitrine, ce n’est pas de l’anarcha-phobie mais de la répression.
Nous pensons que politiquement, le terme de répression est plus juste et plus pertinent. Cette répression est, elle, bien structurelle et institutionnelle contre tout ce qui sort de l’ordre établi et remet en question les normes.
Lorsque la police, la PMI etc … s’attaquent à celleux qui ont fait un choix politique et éthique contre le spécisme, il se met en place une réaction des autorités pour normaliser celleux qui ne le sont pas et cela passe par la répression.
Nous pensons que le terme de répression est intéressant parce qu’il permet de relier cette répression à d’autres luttes qui peuvent connaître des effets assez similaires. Pour nous, l’Etat n’a pas « peur », n’est pas phobique des personnes veganes, il utilise des sanctions contre celleux qui ne marchent pas dans son sens (justice, kidnapping, HP etc …).