Contre l’abolition des putes, pour une révolution sociale !

Nous nous sommes longtemps demandé si nous devions écrire ce texte là. Le sujet resurgissant de temps en temps, et notre position étant connue, quoi que peu développée parce d’autres collectifs et associations se concentrent plus sur ce sujet là. Mais nous sommes féministes et anarchistes, et étant donné que certainEs personnes de notre collectif sont directement concernéEs, voici une clarification de nos positions sur le travail du sexe.

DDM-MICHEL VIALA  MANIFESTATION DES TRAVAILLEUSES DU SEXE RUE BAYARD

Nous luttons pour les droits des travailleurEUSEs du sexe, parce qu’en tant qu’anarchistes, même si nous somme pour l’abolition du salariat, il n’est pas question en attendant de laisser des travailleurEUSEs dans la merde.

La législation actuelle autour de la prostitution est répressive : bien que la prostitution soit légale, toute façon de l’exercer est interdite, ce qui rend son exercice bien plus dangereux (GAV, contrôle d’identités, harcèlement policier etc …) que si la prostitution était décriminalisée. Le gouvernement ayant voté et mis en place la pénalisation des clients cela n’a d’effet que de précariser encore et toujours plus les travailleurEUSEs  (TDS) et ce n’est en aucun cas une mesure pour ielles mais bien CONTRE ielles.

Le concept d’abolition de la prostitution est une mesure répressive et en réalité prohibitive. Même si certainEs abolitionnistes se positionnent contre la pénalisation des clients pour ces motifs là, il n’en reste pas moins que le concept d’abolition dans une société capitaliste semble être plus une question de morale sexuelle que de bien être et de droit au travail. Ce concept d’abolition est foireux en soit, car à quoi bon abolir la prostitution, la prison, l’exploitation animale, dans une société capitaliste, sans envisager la révolution ? C’est ici un terme très vague, quasiment inapplicable qui plutôt que de se pencher sur des problèmes matériels précis, ou condamner et analyser le système entier dans lequel ce que l’on veut abolir se trouve (capitalisme et patriarcat), est une condamnation de fait.

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De plus, il est totalement naïf de penser que la pénalisation des clients n’a aucune incidence sur le travail des TDS. La pénalisation des clients est liée aux conditions de travail des TDS. Plus les clients sont pénalisés, plus les conditions de travail sont précaires et risquées, plus les TDS sont vulnérables aux violences des flics et des clients. Interdire l’achat de services sexuels plongerait les TDS dans une bien plus grande précarité financière, surtout celleux sans papierEs.

L’abolitionnisme veut interdire la source de revenus de personnes déjà précaires et minoriséEs (femmes, trans, migrantEs, pédés, non blanchEs …) dans une société où le capitalisme, l’argent sont des nécessités pour survivre. Plutôt que de vouloir abolir une pratique qui de fait existe et qui existera malgré la répression, il est absolument nécessaire de faire en sorte que la prostitution soit la plus décriminalisée pour les putes.

La criminalisation du travail du sexe oblige les TDS à se cacher et les rend plus vulnérables aux viols, violences et aux contaminations du VIH et d’autres ISTs car ielles ont moins de possibilité de négocier et sont moins accessibles pour les associations de prévention. Réprimer, par les lois et les flics, une activité majoritairement pratiquée par des femmes minoriséEs et précariséEs n’est pas le féminisme pour lequel nous nous battons.

Nous ne soutenons pas l’argument libéral comme quoi la prostitution est un choix, et que nous devons respecter les choix en tant que tels, car le fait de travailler n’est qu’un choix relatif mais surtout une nécessité dans une société capitaliste, et de nombreuses personnes précaires et minoriséEs ont peu d’autres options pour subsister à leurs besoin. Et nous ne prétendons pas non plus que le travail sexuel (pas plus qu’un autre travail) soit libérateur (bien qu’il puisse l’être a un niveau individuel) pour les personnes le pratiquant. Nous ne défendons pas les clients ni leurs droits, dont nous n’avons que faire, sauf lorsque les droits des clients sont liés à ceux des putes, comme c’est le cas dans le projet de pénalisation des clients.

D’ailleurs les statistiques utilisés par les abolo-prohibos comme quoi 90% des putes sont victimes de réseau viens du fait que 90% des putes prises en compte dans cette étude sont migrantEs, et part du principe infantilisant qu’ielles sont forcément victimes de réseaux parce que migrantEs. Les statistiques sur la prostitution sont de toute façon très difficiles à collecter de façon précise et forcément faussées.

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La prostitution ne se compose pas d’un côté de 90% de femmes migrantes dans des réseaux et de l’autre de 10% de femmes blanches bourgeoises postant des annonces sur internet. On peut être une pute sans papier et sans mac, être blanche avec des papiers et se prostituer dans la rue. Il y a des milliers de réalités mais la répression n’en aidera aucune.

Nous ne voyons que très rarement des personnes abolo-prohibitionnistes prôner l’ouverture totale des frontières. Pourtant les putes sans papierEs n’ont que très peu accès à d’autres emplois et sont des cibles du harcèlement policier et d’expulsion du territoire, comme le montre les récents témoignages des prostituées de Belleville (Témoignages du harcèlement policier à Belleville).

Beaucoup de TDS sont aussi des personnes minoriséEs socialement parce que non blanchEs, parce que trans, parce que sans papierEs et il serait absurde vouloir leur couper leur seule possibilité de survie et de soutenir la criminalisation de leur activité.

Nous condamnons d’ailleurs toutEs les (pro)féministes abolo-prohibitionnistes qui s’en prennent personnellement à des travailleurEUSEs du sexe, violentant moralement ou physiquement celleux qu’ielles prétendent vouloir aider, pour peu que celleux-ci ne partagent pas leurs idées sur leur propre travail. Ainsi que leur manie de parler à la place des putes, les considérant alors des victimes sans parole ni volonté propre, à la merci du patriarcat, tout en inventant des rumeurs ridicules pour décrédibiliser les TDS organiséEs. Cette infantilisation totale des putes de façon a voler leur parole est inadmissible et montre bien du peu d’importance que celles ci ont finalement pour les abolitionnistes.

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Nous ne parlons pas de la traite car c’est un problème qui touche à l’esclavagisme et non aux droits des travailleurEUSEs. L’esclavage sexuel nécessite d’autres mesures que de réprimer celleux qui en sont victimes.

Nous voulons simplement que chaque travailleurEUSE puisse exercer son travail sans se faire arrêter, en pouvant se défendre le plus possible des personnes les exploitantEs et dans les conditions les plus sûres possibles.

C’est pourquoi nous soutenons l’auto organisation des TDS contre l’Etat, le capitalisme et les frontières et donc le STRASS, Syndicat du Travail Sexuel et les initiatives d’inclusions des TDS dans les syndicats révolutionnaires et anarchistes.

Contre le paternalisme des sauveurEUSEs,auto-organisation des travailleurEUSEs !

Contre l’abolition des putes, pour une révolution sociale !

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Liens :

STRASS – Syndicat du Travail Sexuel

GRISELIDIS – Site ressource par et pour les travailleurEUSes du sexe

ACT UP

Article « Solidarity not Salvation »