Depuis quelques mois, des vidéos d’abattoirs sont diffusées par L214. Elles ont atteint des vues records sur internet (jusqu’à 2,5 millions de vues) et ont poussé le ministère à avoir un semblant de réaction.
En octobre 2015 c’est une vidéo de l’abattoir industriel d’Alès qui est publiée, montrant des vaches accrochées la tête en bas en train d’agoniser, paniquées, vidées de leur sang. En février 2016, une vidéo montre l’abattoir bio du Vigan, situé à une cinquantaine de kilomètres, où le animaux subissent des actes de cruauté, ne sont pas étourdis avant d’être vidés de leur sang. Cette fois, le ministère est obligé de réagir et lance une enquête. Enfin, au mois de mars une troisième vidéo montre d’autres cas d’actes de cruauté et de sévices dans l’abattoir de Mauléon Licharre dans les Pyrénées Orientales.
Pour la première fois, la publication de trois vidéos d’abattoirs a entraîné un fait marquant et rarissime ; l’abattoir d’Alès est fermé pendant 2 semaines entraînant une perte de plus de 400 000€ par l’entreprise. Parallèlement, l’asso L214 est invité dans les médias et comme on pouvait s’y attendre, le discours tenu par cette asso welfariste a été tellement réformistes et consensuels que cette occasion unique de faire tomber l’industrie de la viande a été complètement ratée.
Sébastien Arsac, fondateur et porte parole de L214 a déclaré mollement sur BFM que « la situation générale des abattoirs est inquiétante » tandis qu’en face de lui un membre de l’OABA (Oeuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs) renchérissant pour affirmer « il faut un service de police et le service de police c’est l’inspecteur vétérinaire ». Toujours plus de sécurité sans libération animale …
Quant à Brigitte Gothière, elle a carrément accepté un débat avec Stéphane Lelann, représantant de l’organisation patronale des Bouchers de France, autant non seulement un assassin des animaux et un ennemi de classe. Le débat n’a d’ailleurs absolument pas porté sur la remise en cause de la consommation du cadavre d’animaux, mais uniquement sur les mauvais traitements infligés aux animaux avant leur mort. Stéphane Lelann n’a d’ailleurs pas eu honte de se dire « scandalisé » par les images et d’aller plus loin que L214 en demandant une enquête sénatoriale, tout en appuyant les demandes de L214 pour une enquête parlementaire … Dans une interview pour Les Inrocks, c’est un peu l’apothéose, Brigitte Gothière nous dit que « quand on se tourne vers les supermarchés sur la question des œufs de batterie et qu’on leur demande de les retirer de leurs rayons, on ne va évidemment pas leur demander de retirer tous les œufs. », que « la violence est la seule vocation des abattoirs » et quand on lui demande si le champ politique est secondaire dans le travail de L214, elle répond que « oui, l’important c’est l’information ».
Via sa porte parole, L214 affirme donc vouloir informer uniquement et advienne que pourra, laissant donc de côté l’aspect politique et militant de la lutte pour les animaux. Pour Brigitte Gothière « la violence est la seule vocation des abattoirs », elle refuse donc de replacer les abattoirs dans le contexte capitaliste de la société dans laquelle nous vivons. Avec plus de 200 abattoirs dans l’hexagone, s’ils existent et continuent à exister, c’est qu’ils sont un rouage de l’économie. Les animaux sont considérés comme des marchandises reproductibles et exploitables à l’infini et le marché de la viande et des sous produits animaux se portent extrêmement bien. Si les abattoirs sont des lieux de violence et de sang, c’est parce que le capitalisme est violent, basé sur l’exploitation dont elle des animaux.
Pourtant L214 organise tous les ans une Marche pour la Fermeture des Abattoirs et scande « Fermons les abattoirs », un slogan intéressant qui, pour l’occasion aurait pu être mis en application. Poursuivre l’impact qu’a eu les videos en organisant des manifestations, des blocages d’abattoirs et/ou de bétaillères, de routes, séquestration de patrons, faire pression sur les compagnies d’assurance, les banques, les mairies, les préfectures, voire des actions de sabotage auraient pu obliger les abattoirs à fermer définitivement et ainsi sauver des animaux. Surtout que L214 s’appuie sur un réseau d’associations et de personnes suffisamment conséquent qui lui aurait permis de mobiliser facilement sur le terrain.
En laissant tomber la lutte politique et en acceptant le débat avec des patrons de l’industrie de la viande, cela banalise le fait de manger des animaux et déplace le débat uniquement sur les cas de maltraitance commis par les employés, oubliant que tous les abattoirs en eux mêmes sont de la maltraitance. Accepter de parler des consommateurs sans remettre en question le fait que les animaux soient considérés comme consommables est une erreur stratégique et une insulte envers eux. Quand on voit les mesures prises par le ministère, on se dit que le champ politique et militant aurait véritablement pu créer un rapport de force.
Au lieu de ça, L214 a employé les 600 000€ qu’elle gère par an pour l’organisation du Salon Veggie World, un véritable temple de la consommation montrant que le veganisme est totalement soluble dans le capitalisme …
Les animaux méritent l’insurrection !
Sabotage et Action Directe !