La consommation de viande est synonyme de pouvoir et de virilité. En devenant Vegan ou tout simplement en refusant la consommation de viande, l’homme doit apprendre à remettre en cause les schémas imposés de la société sexiste.
Réfléchissons à ce que nous dit Carol Adams, dans son livre, sexual politics of Meat :
« Les gens qui ont le pouvoir ont toujours mangé de la viande. L’aristocratie européenne consommait une large gamme de nourriture avec toutes sortes de viandes alors que la classe ouvrière consommait des glucides complexes (riches en protéines et peu coûteuses comme les farines complètes, pains
etc). Les habitudes alimentaires montrent les distinctions de classe mais elles montrent également les divisions patriarcales. Les femmes, ces citoyennes de seconde zone, sont plus habituées à manger ce qui est considéré comme de la nourriture de seconde zone dans la culture patriarcale : Les légumes, fruits, les graines plus que la viande. Le sexisme dans la consommation de viande récapitule les distinctions de classe avec une entourloupe supplémentaire : Une mythologie qui infiltre toutes les classes comme quoi la viande est une nourriture masculine et que manger de la viande est une activité masculine. »
L’homme, en refusant la consommation de viande, refuse de se soumettre à l’ordre établi sexiste. Il perd une forme de pouvoir. Au delà de ça, la pression sexiste fait que s’il abandonne la viande, il abandonne son genre d’homme, et est exclu en quelque sorte de ce groupe, de cette culture de genre masculine. Automatiquement la non-consommation de viande, d’autant plus si elle est associée à une forme de compassion (qualité culturellement associée aux femmes) féminise l’homme. Un vegan serait un homme efféminé, un demi-homme.
Cette conception se retrouve notamment véhiculée par certains homophobes. Nous pensons aux écrits du l’homme d’église James Rutz et son célèbre article « Le soja rend les enfants homosexuels ». (Et nous savons comment le soja, le tofu, sont associés à la nourriture végétarienne et végétalienne.)
« Le soja féminise et très fréquemment conduit à une diminution de la taille du pénis, une confusion sexuelle et à l’homosexualité. C’est pourquoi la hausse de l’homosexualité dont se plaint le corps médical trouve sa solution dans les composants du soja et dans l’augmentation des produits à base de soja. (La plupart des bébés sont nourris au biberon dans leur enfance, et un quart le sont au soja !). Les homosexuels disent souvent que l’homosexualité est de naissance car « Je ne peux me souvenir d’un temps ou je n’étais pas homosexuel ». Non, l’homosexualité est toujours une déviance. Mais maintenant nombre d’entre eux peuvent véritablement dire qu’ils ne peuvent se souvenir d’un temps où l’excès d’œstrogène ne les influençait pas. »
Selon les théories de J. Rutz l’excès d’œstrogène diminuerait le taux de testostérone et « féminiserait » et pour lui rendrait homosexuel. Nous pouvons imaginer de quelle façon ce genre de discours homophobe et réactionnaire pourrait avoir comme conséquence sur une forme de dé-homosexualisation via un régime à base de viande.
Face à ce discours sexiste et homophobe rappelons quelques éléments :
L’homme n’a en aucune façon besoin de consommer plus de viande que la femme. Si on se base sur l’hypothèse que la viande apporterait les protéines nécessaires, rappelons que la femme, notamment lors d’une grossesse (qui n’est évidement pas le destin de « la femme »), à besoin de bien plus de protéines qu’un homme.
La société sexiste impose une norme de genre calquée sur le sexe biologique. La représentation du féminin et du masculin est celle du maitre et de l’esclave. La vision positive de la femme reste encore à développer et c’est pour cela que la lutte pour la libération animale est indisociable des autres luttes sociales, notamment contre le sexisme.
Une culture vegane est une nouvelle culture où le genre est une question de liberté, tout comme la pratique sexuelle hétérosexuelle ou homosexuelle. Etre vegan c’est sortir de ce carcan hétérosexiste !